Reportage

Ski

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Raid Haute Maurienne - Tour de la Bessanèse avril 2019

Fiche événement: Lien sur la page
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Nous sommes allés danser la Bessanèse, le temps d'une chanson...

Afin de clore comme il se doit une saison que nous n’aurons encore une fois guère eu le temps de voir passer, un raid itinérant en Haute Maurienne nous était proposé par la très sympathique équipe d’organisation de la section Ski Alpin d'Oxy-Neige PSA. Au programme, trois jours « hors sol » au départ de Bessans, le temps de boucler à rythme de sénateur le tour de la Bessanèse. Située à une dizaine de kilomètres à vol de choucas au Sud Est de Bonneval sur Arc, cette montagne frontalière de l’Italie domine de ses 3600m d’altitude la vallée de l’Avérole (en un seul mot). Je ne sais pour quelle raison étrange, les paroles dévoyées du texte original du grand Serge ne m’ont pas quitté l’esprit du séjour. Je vous en fais partager l'essentiel (A chanter bien sûr, sur le thème de la Javanaise) :
                 « J’avoue j’en ai bavé pas vous
                    Sur ce tour
                   Avant d’avoir pris l’vent debout
                   Sur ce tour
                   Ne vous déplaiseu
                   En dansant la Bessanèseu
                   Nous randonnions
                   Le temps d’une chanson… »
C'est ainsi, que trois jours durant, nous sommes allés danser la Bessanèse, le temps d’une chanson...

Ces trois jours ont été l’occasion de renouer avec cette ambiance particulière qui caractérise la progression itinérante en haute montagne. Atmosphère où s’entremêlent des sentiments parfois contradictoires tels que bien-être, souffrance, sensation de liberté, humilité, appréhension, jubilation, émerveillement, concentration, .... Des sentiments qui mobilisent le corps et occupent l’esprit au rythme métronomique de la progression ascendante à ski. Un instant coupés du monde, loin des tracas et contraintes de la vie moderne, histoire de renouer avec les plaisirs simples, naturels et démécanisés, l'heure est à la  contemplation et à l'introspection. Ce bref séjour tonique en marge de la « civilisation », de son confort surfait, de ses injonctions à la vitesse et à la performance, nous apparaît ainsi essentiel et revitalisant.

Cette sortie fut également l’occasion d’observer les spectaculaires progrès accomplis par Benoit. La saison dernière, il annonçait fièrement avoir décroché sa « Zipette de Plomb ». Dans le système d’évaluation technique du ski de randonnée, cette gratification est située juste après la « Marmotte de Terre » et correspond à « l’Ourson » en équivalent ski alpin. Sans vouloir trop entrer dans les détails, sachez quand-même que pour accéder à cette noble distinction, il convient de savoir :
a) Appliquer convenablement sa crème solaire sur le visage.
b) Distinguer l’avant de l’arrière de ses skis.
c) Différencier la droite de la gauche de ses chaussures de randonnée.
d) Poser les peaux (de phoque de synthèse, issu d'élevage bio d'individus en plastique) sur la bonne face de ses skis. Pour décrire cette opération, il est également courant d’employer le néologisme,  « phoquer ». Une forte intuition me pousse à croire que ce terme est selon toute vraisemblance, d’origine Anglo-Saxonne. Il est en effet facile d’observer que nos amis Anglais emploient couramment dans leur jargon populaire, des « phoques » en début, milieu ou fin de phrase, un peu à l’image des « Putain-cong » employés à tout-va par nos autochtones Méridio-Occidentaux.  En outre, pour l’avoir entendu à plusieurs reprises au cours de mon récent voyage en Californie, il apparaît que le mot « phoque » peut tout aussi communément être associé au nom de l’actuel président Américain. Ainsi, n’est-il pas rare d’y entendre : « Phoque Trump! », exprimé par ailleurs de façon assez véhémente… Fermons la parenthèse.
Aujourd’hui, animé d’une fierté difficilement dissimulée, les pommettes rosies par l’émotion, Benoit porte désormais à la boutonnière son « Labra d’Argent » récemment décroché avec succès. L’équivalent de la 2ème étoile en ski alpin. Ah oui! Tout de même !... Progrès notoires, donc. Et afin que vous puissiez en mesurer l’étendue, précisons que pour obtenir ce sésame, il est exigé de l’intéressé qu’il sache :
a) Avant la montée,  phoquer en moins de 3/4 d’heure, en outre, sur la bonne face de ses skis.
b) Durant la montée, dans tous les cas, et quelle que soit l’issue de l'exercice, lors de l’exécution d’une conversion, assurer une posture décente (sans vouloir renier le bienfondé de l'exercice, n'est-il cependant pas paradoxal d'exiger une posture decente à la montée ?).
c) A la descente, ne pas parcourir plus de 30% de la distance en roulé-boulé.
Constatons le, ce n’est pas donné à tout le monde ! Et comme Benoit n'est pas tout le monde, fort de ses progrès, il a su maintenir le rythme des plus aguerris à la montée, et désormais s’affranchir à la descente de ce qui était sa fâcheuse habitude, saccager sauvagement et sans raison apparente l’immaculé manteau neigeux en jalonnant sa trajectoire d’énormes, réguliers et très disgracieux cratères...

Trois étapes donc pour ce road movie de haute altitude.
Samedi :  Départ de Bessans pour le refuge de l'Avérole. D+500m. Arrivée au refuge vers midi. L'occasion rêvée de pique-niquer en terrasse au soleil face à l'Ouille d'Arbéron (n'y cherchez pas de contrepétrie !) et à la Bessanèse. Les plus motivés repartiront ensuite pour le tour de l'Ouille de la Vallettaz en passant par le col d'Arbéron, D+900m. Une formalité réglée en 2 heures d'ascension. Pas de quoi impressionner les randonneurs aguerris, néanmoins, une bonne moyenne nous concernant. Une magnifique descente nous avait été promise. Sur le plan esthétique, rien à redire. C'est plutôt la qualité de neige qui nous a posé problème. Enfin, en l'occurrence surtout à moi qui pourtant, quelques lignes plus haut avais brocardé sans retenue la technique indécente de descente de Benoit. De vastes pentes immaculées nous tendaient les bras. Dans les faits, d'immenses pièges (à cons) de neige croutée. Du placoplâtre épais et cassant sur lequel la progression s'apparente plus au bricolage qu'à la pratique du ski. Sollicitant sérieusement les articulations, mettant à mal l'équilibre du glisseur, altérant sa dignité  par tant d'attitudes mal coordonnées dans sa quête désespérée de stabilité, ce n'est une découverte pour personne, évoluer sur ce type de terrain anéantit tout plaisir de glisse. Pour travailler le BA13, les bricoleurs en conviendront, le ski n'est pas l'outil le plus approprié ! Me concernant, sur les 900m de dénivelé qui nous séparaient du refuge, au bas-mot,  il me semble bien en avoir parcouru la moitié en mode roulé-boulé. Bon, l'essentiel est que nous ayons pu nous y présenter à l'heure pour le dîner...
Dimanche : Après une nuit passée au refuge à inspecter les moindres détail du plafond du dortoir, l'objectif de la journée était d'atteindre le refuge Gastaldi, en Italie. Progression sur le flanc méridionnal de la Bessanèse jusqu'au col d'Arnés via le glacier du même nom, frontière Italienne. Basculement ensuite  pour une belle descente vers le refuge. Contrairement à la veille, nous avons enfin pu profiter d'une neige profonde, manoeuvrante et agréable tapissant généreusement une topologie remarquablement ludique à skier. Environ 1000m de D+ cumulés pour cette sympathique journée de randonnée. Et pour ceux qui en ont voulu encore un (tout petit) peu plus, un petit tour sur le belvédère de Rocca Turo et ses modestes 100m de D+ aura été le bienvenu. Digression insignifiante par le dénivelé, néanmoins majeure pour le panorama offert... Dommage, je n'avais pas pris le soin de prendre mon appareil photo.
Lundi : Retour sur Bessans via le col de la Bessanèse D+600m. Point d'exergue, le franchissement crampons aux pieds (Oui, c'est mieux aux pieds !) du couloir menant au col dans des conditions climatiques hivernales contrastant singulièrement avec les deux journées précédentes...

Au bilan, ces trois magnifiques journées sportivo-touristiques (ou l'inverse) mettent un terme joyeux au programme ski 2018-2019.  En perspective de notre prochain raid de printemps, ce bref séjour d'itinérance nous a bien donné envie d'allonger encore un peu la sauce. Cinq jours de randonnée au printemps 2020, et pourquoi pas dans le Queyras, ça vous dirait ?
Merci à tous pour votre convivialité et pour le plaisir partagé. Une gratitude particulière à Nicolas, notre guide, pour cette pépite et pour ses nombreux conseils zavizés. Bravo à tous, et spécialement à Benoit qui, fort de sa nouvelle expérience, peut désormais prétendre accéder au  degrès d'aptitude technique suivant, le tant convoité... "Labra d'Or" (Certains ont du la voir venir, celle-là !)...

 

A bientôt.
Chonch’.

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La sortie en images :  Diaporama complet

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