Reportage

Ski

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GALERIE DE SOURIRES ...

Randonnée de 3 jours en Beaufortain mars 2024

Programme de la sortie :
La fiche événement:  Lien  sur la page

Le séjour en images :
Notre sélection complète de photos :   Lien diaporama

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Un séjour ébourrifant !...

 

Troisième volet de notre rubrique Ski Tonic, ce séjour proposait un programme ambitieux. Il était initialement prévu une randonnée itinérante de trois jours avec en point d’orgue la traversée des Dômes de Miage au départ des Contamines. Une magnifique et aérienne course d’arête neigeuse dans le Massif du Mont Blanc pour qui apprécie prendre de la hauteur et évoluer entre ciel et terre …

5ème tentative et… 5ème revers !... Notre objectif « Dômes de Miage » a définitivement pris allure d’arlésienne. Après deux annulations successives, respectivement pour raison technique, puis de tempête, après la  sortie 2016 en demi-teinte,  la faute à une météo de nouveau inappropriée, nous avons l’année suivante remis de nouveau le couvert sans succès sur les caprices d’une météo décidément trouble-fête… Cette fois enfin, après une longue trêve des tentatives, ce sont des raisons d’ordre logistique qui nous ont contraints à renoncer. En effet, nous n’imaginions pas que le refuge des Conscrits puisse être fermé en ce début de mois de mars… Le genre de détail imbécile qui fait tout vaciller. Eh oui ! C’est ballot !... Eh bien qu’à cela ne tienne ! à défaut des Dômes, c’est le massif du Beaufortain que nous irons visiter en partant des Contamines. Trois jours dans les environs de la mythique Pierra Monta avec étapes en refuges. Ce n’est pas mal non plus ! On partirait en prenant les remontées mécaniques. Nuit au refuge non gardé du Plan de la Lai le samedi, puis au refuge du Presset le dimanche. Retour sur notre lieu de départ le lundi. Bien !... Mais c’était sans compter la fermeture du refuge CAF des Contamines (lui aussi ! … Mais cette fois pour raison de punaises de lit !) et l’impossibilité de trouver un hébergement le vendredi soir dans les environs compte-tenu de la surfréquentation du moment… Eh bien, … qu’à cela ne tienne (again) !  En dépit d’un temps de parcours depuis Paris accru d’une bonne heure, un départ à partir de Beaufort ou d'Arêches fera l’affaire. C’est l’hôtel Maison Doron à Beaufort qui alors, nous accueillera bras ouverts le vendredi soir. On aurait pu penser que les choses étaient désormais claires et stabilisées… Pas tout à fait ! (« que nenni ! », disait ma grand-mère)… Ultime bouleversement, un avis de fort vent tardivement annoncé sur les massifs samedi soir et dimanche, nous contraint finalement à renoncer à l’itinéraire passant par le refuge du Presset. Il s’agira alors de trouver un cheminement moins exposé… 

Pour la deuxième sortie consécutive, nous aurons une nouvelle fois le plaisir d’apprécier les compétences d’Eric Chaxel notre guide. Et de nouveau, Il aura eu la lourde tâche de nous trouver des itinéraires plan « b » les plus appropriés compte-tenu de conditions particulièrement évolutives.
Depuis notre précédente sortie, la situation sur les massifs n’a guère évolué. C’est ici encore, toujours, et plus que jamais le printemps. Réalisons qu’avec l’amorce du mois de mars, nous nous approchons tout de même de la belle saison. La neige est rare en dessous de 1500 m d’altitude, le vert des prairies règne en pouvoir absolu sur Beaufort et Arêches, les sommets sont néanmoins gavés et l’instabilité domine au-dessus de 2200 m. La météo est annoncée variable samedi avec fort vent dès 15h, dantesque dimanche (vent violent avec rafales approchant les 100 km/h) puis la neige devrait faire son apparition dans la nuit. Cerise sur ce gâteau a priori un peu fade, lundi promet d’être ensoleillé et selon toute vraisemblance, … enneigé ! Voilà qui redonne espoir, enthousiasme et bonne humeur.

Samedi. Au programme, contournement du lac de Roselend et étape au refuge du Plan de la Lai. Départ au-dessus d’Arêches, au niveau du lieu-dit répondant au doux sobriquet de « Boudin ». Attaque vers 1300 m d’altitude par un épique crapahut en forêt dense en recherche désespérée de langue de neige continue. Cette première phase de montée s’est distinguée par d’harassants déchaussages et rechaussages jusqu’à atteindre la limite de végétation vers 1700 m au col du Pré. Poursuite par l’ascension de roche Parstire culminant à 2100 m, magnifique progression aérienne sur crète, puis descente jubilatoire sur tendre moquette pour un contournement Ouest du lac de Roselend. Remise des peaux et poursuite du contournement en montée Sud, Sud-Est, et enfin, descente jusqu’au refuge du Plan de la Lai. L’amorce de la descente vers le refuge coïncide avec la survenue du mauvais temps. Fortes rafales et visibilité réduite nous accompagneront dès lors pour le reste de la soirée, toute la nuit, et une bonne partie de l’étape suivante. Après deux montées, 16 km et 1300 m de D+, cette journée jusque-là déjà bien consistante, n’est pas terminée. Couper du bois, allumer et entretenir le feu dans le poêle, collecter de l’eau par fonte de neige, préparer le dîner mobilise toutes les ressources du groupe et nous occupera jusqu’au coucher. C’est un dortoir frigo dans lequel la température ne devait pas excéder les 0 d°C, animé du barrouf incessant du vent, qui nous aura servi d’écrin douillet pour passer la nuit… Car en refuge, les habitués vous le diront, on n’y dort pas, mais on y passe la nuit. Comprenez-vous la nuance ?... Nous garderons de cette très belle étape et de son ambiance particulière un excellent souvenir.

Animation du parcours : ICI

Dimanche. Il convient aujourd’hui d’échapper aux agressions du vent en basculant côté Contamines. Départ du refuge du Plan de la Lai, achèvement du contournement du lac de Roselend par le Nord. Le vent reste soutenu. Le ciel s’est découvert. Nous profitons d’une fenêtre de tir qui s’annonce limitée. Montée sur col de Sur Frêtes. Passé le col, le vent forcit, le ciel se couvre. Traversée devant le lac de la Gittaz. Pique-nique éclair au Hameau du même nom, et remise en marche sans tarder. Les conditions météo se dégradent significativement. Faible visibilité et très violentes bourrasques accompagnent désormais notre progression. Les brusques et imprévisibles rafales nous déséquilibrent, certaines nous plaquent au sol, perturbant sans cesse notre ascension jusqu’au col de la Fenêtre. Nous basculons ensuite sur le domaine hors-piste des Contamines. Et là… maaaaagique ! Changement radical d’ambiance. Nous passons sans transition de l’enfer au paradis. Le ciel se découvre. Le vent a subitement cessé. Le soleil réapparaît, et la neige promise durant la nuit jusque-là discrète, est ici bien tombée. Modérément, certes, mais suffisamment pour offrir une descente de rêve sur un secteur extraordinaire d’esthétique et de joueuses subtilités topologiques. Enfin, nous rejoignons le domaine skiable et progressons par gravité jusqu’à la station. Récupération des voitures par retour navette et taxi. 16 km et 1200 m de D+. Une balade contrastée, globalement rude, mais qui s’achève en apothéose. Encore une belle et consistante journée. Nous passerons la nuit de nouveau à Beaufort, à l'hôtel Maison Doron.

Animation du parcours : ICI

Lundi. Histoire de relâcher un peu l’effort, détendre zygomatiques, quadriceps, ischio-jambiers, et de profiter d’une bonne neige en altitude, aujourd’hui est prévu un programme plutôt orienté freerando. Utilisation des remontées mécaniques pour accès facile sur deux spots majeurs. En premier lieu, Grand Mont, culminant à 2686 m, se distinguant par cette magnifique face immaculée dominant le massif que nous avions pu admirer côté Ouest au cours de notre périple de samedi. En partant du Planay, utilisation de remontées mécaniques jusqu’au col de la Forclaz à 2374 m. C’est transis, immergés dans un persistant brouillard dense piquant le visage, traits tendus, sourires inversés et extrémités gelées que nous amorçons notre ascension. On nous avait pourtant vendu soleil et neige fraiche !... Aujourd’hui devait être la plus belle journée du séjour ! Nous aurait-on menti ? Et puis, très rapidement, le linceul opaque qui jusqu’alors entretenait notre cécité mortifère se déchire, dévoilant graduellement un décor inespéré. Ô miracle !  Les couleurs jaillissent, les volumes se découvrent progressivement. Nous crevons la phase nuageuse. En l’espace de quelques minutes, nous voici en position de domination d’une spectaculaire mer de nuage tapissant la base du massif. Nous évoluons alors sur un extraordinaire belvédère offrant une vue unique et onirique sur le massif du Mont Blanc. Magnifique surprise ! En à peine une heure d’ascension à rythme sénatorial, nous atteignons le point culminant et son exceptionnel panorama à 360°. Une ascension top, et pour pas cher ! Pas étonnant que nous soyons talonnés d’une horde de randonneurs enragés qui ne tarderont pas à envahir la zone sommitale et nous en chasser. Après l’incontournable pause contemplative écourtée pour cause de surfréquentation locale, nous reconfigurons matériel et skieurs en mode descente, puis amorçons sans attendre notre cheminement retour par gravité. C’est alors à ce moment précis qu’arrive le drame... Sous l’effet répété d’une technique de ski se distinguant par des mises en contrainte acharnées dignes de l’œuvre des plus gaillards trappeurs du nord Canada, une des fixations de skis de Frédo qui jusqu’alors avait fait preuve d’une honorable et discrète résilience, sans doute affaiblie par une passagère baisse de moral, a subitement cédé !....Résultat : fracture ouverte de fixation avec arrachement des points d'encrage ! Le ski touché souffre d'une sérieuse lésion avec pronostic vital engagé… Out le Frédo ! Une chance tout de même dans son malheur : l’incident s’est produit en début d’après-midi du dernier jour de la sortie…
Les rescapés finiront la journée par un magnifique hors-piste en neige profonde (si si !...) du secteur d’Arèches dont il s’agira ensuite de remonter les quelques 350m de dénivelés avant de redescendre par les pistes en station retrouver sans tarder le véhicule pour un retour illico presto en région parisienne. Ainsi s’achève notre belle sortie Dômes de Miages ... en Beaufortain …

Animation du parcours : ICI

De l’organisation du programme, jusqu’à sa réalisation sur le terrain, alternant imprévus, sentiments dissonnants, phases rudes et agréables, enfer et paradis, ressentis contradictoires et émotions fortes, ce séjour sportif est apparu littéralement ébouriffant et furieusement contrasté. Nous avons un peu souffert certes, mais avons aussi vécu des moments exceptionnels et intenses de plaisir. Le contraste n’est-il pas le sel de la vie ? A ce titre, et en dépit du sentiment de frustration qu’il serait légitime d’exprimer au regard de Dômes de Miage décidemment insaisissables, nous garderons de cette sortie le souvenir d’un épisode que nous classerons sans hésiter au registre des grandes réussites des événements Ski Tonic de l’association.
Merci à tous pour votre participation active, enthousiaste et dynamique. Un merci particulier à Eric notre guide sans qui nous serions encore en altitude à trainer nos savates, tournant indéfiniment en rond, tête baissée, regard hagard, doigts gelés, grelottant, faséyant tels des focs mal orientés en proie à la furie hurlante des bourrasques de l’enfer blanc du massif Beaufortain…
Et permettez-moi pour finir, d’exprimer une pensée émue à l’égard des skis de Frédo qui nous ont brutalement quittés victimes d’un fatal arrachement de fixations. Une cérémonie sera prochainement célébrée. Nous vous en tiendrons informés.

 

A bientôt.
Chonch’

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Le séjour en images :
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Prochain événement Ski Tonic : Raid de printemps. 5 jours d'itinérance en Suisse centrale
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